Florence Lustman, présidente de la Fédération Française de l’Assurance, a publié une tribune sur le site de la Fédération ce 2 avril.
Les chiffres sont sans appel :
Avec ou sans confinement, les sinistres sont là… 90 % de nos entreprises sont aujourd’hui en travail à distance et donc en capacité de continuer à protéger leurs clients et de les conseiller. A la crise sanitaire s’est greffée aussi une crise économique et les assureurs, en tant que porteurs de risques, sont évidemment impactés. La baisse de l’activité, la hausse des frais de santé et de prévoyance liée à l’épidémie, la recrudescence de certains sinistres comme les vols vont peser très lourd. Il y a aussi la chute brutale des marchés, qui va impacter les placements qui garantissent nos engagements à l’égard de nos clients.
Face à ce fléau, cela, la présidente de la Fédération Française de l’Assurance rappelle que le but est de est de protéger les assurés et leur épargne. Elle se veut rassurante : Les assureurs français ont abordé cette crise en étant solides : la crise va les toucher, bien entendu, mais ils sont « armés pour faire face à tous leurs engagements contractuels ».
Mais il faut selon elle rester lucides : si certains demandent d’aller très au-delà de ce à quoi nous nous sommes engagés dans nos contrats et qui a servi de base au calcul des primes, selon elle, les assureurs ne peuvent pas, hélas, « faire de miracle avec l’argent qu’on leur a confié » :
Les autorités d’assurance européennes et américaines viennent d’ailleurs de le rappeler : « obliger les assureurs à couvrir rétroactivement des risques non couverts dans leurs contrats exposerait le secteur à des risques d’insolvabilité qui fragiliseraient la protection des assurés, la stabilité des marchés, et aggraverait in fine la crise actuelle ».
Florence Lustman confirme les craintes de beaucoup : les pertes d’exploitation des entreprises françaises dues au confinement vont sans aucun doute se chiffrer à des dizaines de milliards d’euros, et cette somme est bien trop importante pour qu’un autre acteur autre que l’Etat la supporter seul.
C’est pour cette raison que l’assurance n’intervient jamais en cas d’épidémie, de révolution ou de guerre car les conséquences de tels événements sont tout simplement hors de portée. Le principe de l’assurance, c’est la mutualisation : elle fonctionne quand elle peut répartir un risque entre ses assurés, c’est-à-dire utiliser les primes du plus grand nombre qui n’est pas touché pour indemniser ceux qui subissent un sinistre. Chose évidemment impossible dans le cas d’un événement qui touche tout le monde en même temps et de plein fouet…
Malgré cet état de fait, pour tenir compte de la gravité de la situation, les assureurs ont dans leur grande majorité annoncé des mesures exceptionnelles de solidarité en faveur des Français les plus touchés : TPE, artisans, commerçants, travailleurs indépendants et personnes fragiles.
Florence Lustman rappelle que les assureurs continuent à garantir normalement les contrats des TPE qui pourraient avoir des difficultés à payer leurs cotisations pendant le confinement et feront un report des loyers des TPE et des PME en difficulté.
Les assureurs se sont aussi engagés à alimenter à hauteur de 200 millions d’euros le fonds de solidarité mis en place par l’Etat en faveur des petites entreprises en crise.
Au total, si l’on prend toutes ces mesures et les effets directs de la crise, Florence Lustman chiffre l’impact pour l’assurance à plus de 3 milliards d’euros.
La présidente de la Fédération Française de l’Assurance met en garde : si, bien entendu, la solidarité sera essentielle pour sortir de cette crise du covid-19, elle ne pourra pas suffire à en réparer toutes les conséquences.
Elle lance un appel :
Si nous voulons anticiper de nouvelles crises comme celle-ci, nous pouvons réfléchir dès à présent aux bases d’un régime de type assurantiel qui permettrait de couvrir des catastrophes sanitaires de très grande ampleur. Mais ne nous y trompons pas, les assureurs ne pourront pas couvrir seuls de tels événements et ce régime devra s’appuyer sur un partenariat avec l’Etat. C’est pourquoi la FFA a décidé dès aujourd’hui de lancer une réflexion pour faire des propositions aux pouvoirs publics en ce sens.
(Crédits photo : FFA)